Les temps étaient difficiles pour la communauté queer de Calgary au début des années 1970. La violence et la discrimination homophobes étaient monnaie courante, et il était pratiquement impossible de trouver des espaces sécuritaires pour se rencontrer, célébrer et simplement exister. Les choses ont commencé à changer le 20 mars 1970, lorsque le Club Carousel a ouvert ses portes.
« À l’époque, le Club Carousel était le seul lieu de rencontre à Calgary pour les personnes gaies », explique Lois Szabo, l’une des fondatrices du célèbre bar gai de Calgary. Lieu queer emblématique, le Club Carousel avait une visée à la fois novatrice et transformatrice. Bien qu’il ait fermé ses portes il y a longtemps, il a laissé un héritage durable comme lieu dont l’accès était réservé aux membres. La communauté s’y sentait à l’abri de l’homophobie, de la répression et de l’intimidation. Il est maintenant l’un des quatre emplacements en vedette dans la plus récente émission de timbres « Lieux de la Fierté » de Postes Canada, une série qui rend hommage aux endroits partout au pays pour lesquels la communauté queer du Canada s’est battue.
Lorsque Mme Szabo a annoncé son homosexualité en 1964, elle se souvient qu’il était pratiquement impossible de trouver une communauté de gens qui pensaient comme elle. Elle a donc décidé d’en créer une. En compagnie d’un militant local, Jack Loenen, ils trouvent un endroit à louer. Selon Mme Szabo : « c’était un trou, un endroit sale et miteux au sous-sol d’un immeuble de Calgary ». Après un gros nettoyage et un bon coup de peinture, le club ouvre ses portes le 20 mars 1970. Parmi les personnes qui viennent au club ce soir-là, il y avait la police. Elle nous a dit que le club devait fermer immédiatement. « On a fait la sourde oreille et on a ouvert le lendemain soir », raconte Mme Szabo à Postes Canada.
Au départ, le club comptait 20 membres. Mais il est rapidement devenu un lieu animé où les membres pouvaient apporter leurs propres boissons et danser toute la nuit sur la musique du juke-box. Plus qu’un lieu où les gens aimaient se lâcher un peu, le club est devenu un lieu de prédilection pour les personnes queers à Calgary.
Dès le début, Lois Szabo et Jack Loewen ont mis en place une charte d’organisme sans but lucratif et une politique d’accès réservé aux membres pour offrir un espace de liberté et une protection contre l’intimidation.
« Le but principal du club était de fournir un lieu discret à nos membres, car c’était vraiment une période dangereuse », indique Mme Szabo. Elle se souvient que la communauté queer locale était constamment la cible d’attaques homophobes horribles, notamment sous la forme d’agressions physiques fréquentes – et pire encore.
Et Mme Szabo de préciser : « C’est pourquoi le club était si essentiel, car il n’y avait aucun autre endroit où les gens pouvaient se réunir, danser et s’amuser. Il fallait toujours se méfier. »
La politique du club réservant l’accès aux membres a rapidement été imitée dans les Prairies. La détermination et le dévouement de ces personnes ont eu une incidence durable. Le club, qui a fini par gagner sa place dans les guides gais (des listes secrètes d’espaces sécuritaires publiées partout dans le monde), est rapidement devenu un incontournable pour les touristes queers du monde entier.
Lorsque le Club Carousel ferme ses portes à la fin des années 1970, le nombre de ses membres était passé de 20 à près de 700. Son héritage reste bien vivant. En 2021, la ville de Calgary a donné le toponyme « Lois Szabo Commons » à un espace vert situé à l’angle nord-est de la 9e rue et de la 16e avenue S.-O.
Comme le précise Mme Szabo : « L’histoire gaie de Calgary est très importante, non seulement pour les jeunes, mais aussi pour les personnes plus âgées. Il faut se rendre compte que nous avons toujours été là, mais qu’on ne nous donnait simplement aucune reconnaissance. Et le temps est venu de le faire. »
Un timbre rend hommage au célèbre Club Carousel de Calgary
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