Un nouveau timbre en souvenir de la descente policière au bar gai Truxx à Montréal en 1977 – et des manifestations qui ont suivi et qui ont mis les droits de la communauté 2ELGBTQIA+ à l’avant-plan

30 mai 2025
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Le nouveau timbre de l’émission « Lieux de la Fierté » célèbre un tournant marquant pour les droits de la personne au Québec et au Canada.

Dans les années 1970, le bar Truxx, situé au cœur du quartier gai de Montréal à l’époque, représentait un lieu sécuritaire et dynamique pour la communauté queer de la ville. Le bar était un lieu de rassemblement populaire, mais dans la nuit du 21 octobre au 22 octobre 1977, le Truxx a été la cible d’une descente policière. Cette rafle a suscité un mouvement de protestation qui s’est traduit par des réformes législatives révolutionnaires au Québec.

Ce moment historique est l’un des quatre événements en vedette dans la nouvelle émission de timbres « Lieux de la Fierté » de Postes Canada. Cette série est consacrée aux endroits et aux événements pour lesquels la communauté 2ELGBTQIA+ du Canada s’est battue et qui ont changé le cours de l’histoire au Canada.

Un régime de brutalité policière à l’égard des gais et lesbiennes de Montréal était déjà en place avant cette triste nuit au Truxx : une opération visant à « nettoyer » Montréal avant d’accueillir les Jeux olympiques de 1976. « Les clubs étaient régulièrement la cible de descentes », explique Ross Higgins, cofondateur des Archives gaies du Québec. « La police avait un quota d’arrestations. »

Les arrestations ont continué longtemps après la fin des Jeux, mais la rafle au Truxx était celle de trop. Ce soir-là, une cinquantaine de policiers et policières armés envahissent le club. Comme l’explique M. Higgins : « Ils sont entrés dans le bar avec des mitrailleuses et des caméras, et c’était normal ». Mais le nombre d’arrestations faites cette nuit fatidique était loin d’être normal. Au lendemain matin, le compte dépasse la centaine de personnes arrêtées pour s’être trouvées dans une maison de débauche : la plus importante rafle depuis la crise d’Octobre, en 1970.

La réaction de la communauté locale, outrée, est immédiate. Rassemblées principalement par l’Association pour les droits des gai(e)s du Québec, environ 2 000 personnes (membres et alliées de la communauté 2ELGBTQIA+) se rendent alors à l’angle des rues Stanley et Sainte-Catherine la nuit suivant la descente pour protester contre les arrestations, les mauvais traitements continus et le harcèlement. « Cette manifestation a entraîné tout un changement d’attitude », souligne M. Higgins.

« [Cet événement] marque les débuts du mouvement gai, le mouvement de libération gaie, explique M. Higgins. Ce qui a caractérisé ce mouvement de libération, c’était la nécessité de sortir du placard, d’être soi-même, d’en finir avec l’invisibilité dans laquelle on vivait. On vivait en silence, caché de la société générale. »

Le 15 décembre 1977, après les manifestations, l’Assemblée nationale du Québec adopte la Loi 88; un tournant important pour les droits de la personne dans la province. La Loi modifie la Charte des droits et libertés de la personne pour interdire explicitement la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle.

« Cette loi a fait du Québec une des premières juridictions majeures au monde à protéger les personnes homosexuelles par l’inclusion de l’orientation sexuelle dans la Charte », explique M. Higgins.

Ces protections juridiques, et les gens qui se sont battus pour elles, ont jeté les bases des efforts pour l’égalité et du respect qui se poursuivent encore aujourd’hui. Comme le dit M. Higgins : « C’était le début d’une nouvelle ère ».

Un nouveau timbre en souvenir de la descente policière au bar gai Truxx à Montréal en 1977 – et des manifestations qui ont suivi et qui ont mis les droits de la communauté 2ELGBTQIA+ à l’avant-plan

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