Postes Canada rend hommage à trois leaders autochtones en émettant de nouveaux timbres commémoratifs soulignant leur dévouement à la défense des droits de leurs communautés.
Cette émission de timbres est la deuxième de la série consacrée aux dirigeants autochtones, lancée par Postes Canada en 2022. Elle met en vedette des leaders inuit, métis et des Premières Nations de notre époque, qui ont consacré leur vie à préserver leur culture et à améliorer la qualité de vie des peuples autochtones au Canada.
Nellie Cournoyea : Une voix passionnée pour son peuple
Nellie Cournoyea est une législatrice de longue date et tenante des droits des peuples autochtones circumpolaires reconnue pour sa vision, son éthique de travail et sa force inébranlables, qui l’ont guidée dans sa lutte pour l’autodétermination des Autochtones et l’émancipation des Inuit. Née le 4 mars 1940 à Aklavik, dans les Territoires du Nord-Ouest, elle grandit selon le mode de vie traditionnel de son peuple et suit la majeure partie de ses études grâce à des cours par correspondance envoyés au camp de brousse de sa famille. Son père était un trappeur originaire de Norvège et sa mère, une Inuvialuk (ou Inupiaq) de l’île Herschel, au Yukon.
Tout en élevant ses deux enfants, elle travaille pour CBC Inuvik comme présentatrice et directrice de station pendant neuf ans et cherche à obtenir des fonds pour la programmation autochtone. Au début des années 1970, elle travaille comme envoyée sur place pour les revendications territoriales pour l’organisme Inuit Tapirisat of Canada (aujourd’hui appelé Inuit Tapiriit Kanatami), qui a été fondé en 1971 pour protéger et promouvoir les droits et les intérêts des Inuit au Canada. En tant que cofondatrice du Comité d’étude des droits des Autochtones, elle participe à la négociation de l’inédite Convention définitive des Inuvialuit, qui comprend un règlement territorial de plus de 90 000 kilomètres carrés.
Élue à l’Assemblée législative des Territoires du Nord-Ouest en 1979, Nellie Cournoyea détient de nombreux portefeuilles ministériels, dont ceux de la santé et des services sociaux, et des ressources renouvelables. Elle est nommée première ministre des Territoires du Nord-Ouest en 1991, devenant ainsi la première femme autochtone à diriger un gouvernement provincial ou territorial au Canada. Durant son mandat, elle joue un rôle clé dans les discussions menant à la création du Nunavut. Après sa retraite de la politique en 1995, elle est présidente du conseil et PDG de l’Inuvialuit Regional Corporation pendant 20 ans.
Nellie Cournoyea reçoit de nombreuses récompenses pour ses réalisations au fil des ans. Elle remporte le Prix de la femme de l’année de l’Association des femmes autochtones des Territoires du Nord-Ouest en 1982, le Prix Wallace Goose en 1986 (en reconnaissance de sa contribution à la culture et à la langue des Inuvialuit) et un Prix national d’excellence décerné aux Autochtones (maintenant le Prix Indspire) en 1994. En 2008, elle est nommée Officier de l’Ordre du Canada et reçoit la Médaille du Gouverneur général pour la nordicité, maintenant la Médaille polaire. Elle est aussi intronisée au Temple de la renommée de l’entreprise autochtone et reçoit un total de six doctorats honorifiques en droit.
En 2013, un centre de recherche sur l’Arctique à l’Université du Manitoba nommé en l’honneur de Nellie Cournoyea ouvre ses portes. Maintenant âgée de plus de 80 ans, Nellie Cournoyea demeure active à titre de présidente du Conseil consultatif de Nutrition Nord Canada et de vice-présidente de la Société communautaire de Tuktoyaktuk.
George Manuel : Un inébranlable défenseur des droits des Autochtones
Dirigeant politique déterminé et défenseur de son peuple, George Manuel a travaillé sans relâche pour améliorer les conditions sociales, économiques et politiques des Premières Nations au Canada. Bon nombre de personnes le citent comme l’instigateur du mouvement autochtone moderne au Canada. Né le 17 février 1921 dans la réserve Neskonlith près de Chase, en Colombie-Britannique, George Manuel fréquente le pensionnat indien de Kamloops dans sa jeunesse. Il s’engage en politique au début des années 1950 et occupe de nombreux postes influents durant ses quarante ans de carrière.
De 1959 à 1963, il est président de la North American Indian Brotherhood of BC (NAIB), puis chef de la bande indienne de Neskonlith (Shuswap) de 1960 à 1966. À titre de représentant de la NAIB, et dans le cadre de son travail d’agent de développement communautaire pour le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien pendant trois ans, il fait la promotion du développement communautaire dans les réserves de la Colombie-Britannique et insiste pour que des réformes soient apportées aux politiques fédérales et provinciales touchant les Premières Nations.
En 1970, il devient président de la Fraternité des Indiens du Canada (maintenant l’Assemblée des Premières Nations), à la suite de la présentation de La politique indienne du gouvernement du Canada, 1969 (souvent appelée Livre blanc), qui proposait d’abroger la Loi sur les Indiens et d’éliminer le statut juridique d’« Indien ». George Manuel dénonce avec ferveur l’imposition du Livre blanc et organise des manifestations à l’échelle du pays avec d’autres leaders exhortant le gouvernement à faire marche arrière, ce qui se produit l’année suivante grâce à leurs efforts.
Il a la vision d’unir les peuples autochtones du monde entier à l’échelle locale, régionale, nationale et internationale. Dans les années 1970, il voyage notamment en Tanzanie et en Nouvelle-Zélande, où il rencontre d’autres Autochtones et en apprend plus sur leurs expériences similaires et l’histoire commune du colonialisme. Il coécrit un essai influent, The Fourth World: An Indian Reality, publié en 1974.
La même année, il fonde le Conseil mondial des peuples indigènes et en devient le premier président, puis il contribue à l’élaboration de la Déclaration universelle des droits des peuples autochtones du Conseil en 1977.
Son engagement inébranlable dans la lutte contre les politiques d’assimilation du gouvernement canadien mène à ce qui est généralement considéré comme sa contribution la plus importante : l’organisation du Constitution Express. Il est à la tête du mouvement de militants de l’Ouest qui se rend à Ottawa et au siège des Nations Unies à New York en train en 1980, puis en Europe en 1981, pour revendiquer l’inclusion des droits des Autochtones dans la Constitution canadienne rapatriée. Ses efforts contribuent à la reconnaissance et à la confirmation des droits ancestraux et issus de traités existants dans la Loi constitutionnelle de 1982.
George Manuel est proposé à trois reprises pour le prix Nobel de la paix et reçoit de nombreuses marques de reconnaissance pour son travail, y compris une nomination à titre d’Officier de l’Ordre du Canada. Il décède le 15 novembre 1989 à Kamloops, en Colombie-Britannique.
Thelma Chalifoux : Pionnière et fervente défenseure de la justice sociale
La militante métisse Thelma Chalifoux était une force puissante au service de la justice sociale et des droits des femmes et des Autochtones. Fervente politicienne, négociatrice de revendications territoriales et communicatrice, elle a passé sa vie à amplifier la voix de son peuple et à lutter contre la discrimination. Thelma Chalifoux voit le jour 8 février 1929 à Calgary, en Alberta. Reconnue pour son bon cœur et son énergie inépuisable, elle se porte volontaire dans les soupes populaires pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle se joint également à la réserve militaire et travaille dans une cantine de l’Armée du Salut.
Après avoir quitté un mari violent et s’être battue pour récupérer la garde de ses enfants – qui, comme de nombreux autres enfants autochtones, ont été pris en charge de force par les services de protection de la jeunesse pendant la rafle des années 1960 – Thelma Chalifoux retourne à l’école et est embauchée comme travailleuse sur le terrain par la Métis Association of Alberta (maintenant la Métis Nation of Alberta). Elle met sur pied les services d’aide sociale et de gestion des terres de l’organisation et milite pour obtenir des logements et de la nourriture plus abordables et un soutien financier accru pour les familles métisses démunies. Elle travaille ensuite pour la même association à Slave Lake, en Alberta, où elle cofonde le centre d’amitié autochtone de Slave Lake, qui offre divers programmes et services aux Autochtones vivant en milieu urbain. Elle dirige également le premier refuge pour femmes victimes de violence familiale de la collectivité.
Négociatrice de revendications territoriales de 1979 à 1982 (et de 1996 à 1998), Thelma Chalifoux participe à des pourparlers constitutionnels au début des années 1980 à titre de membre d’une délégation métisse à Ottawa qui a aidé à faire reconnaître les Premières Nations, les Métis et les Inuit comme des nations distinctes. Elle aide également à introduire l’enseignement de la langue crie dans les écoles du Nord et fait la promotion de la culture et de l’histoire métisses en tant que première femme métisse occupant le poste à temps plein de présentatrice, de productrice et d’animatrice d’une émission de radio hebdomadaire, ce qui en fait la première femme métisse à s’exprimer à la radio privée.
Thelma Chalifoux s’engage dans plusieurs organismes au fil des ans, y compris le Métis Women’s Council, le Sénat de l’Université de l’Alberta et des comités d’appel de l’Alberta Family and Social Service. Elle est vice-présidente de l’Aboriginal Women’s Business Development Corporation, coprésidente de la Métis Nation of Alberta et présidente de la National Métis Senate Constitutional Commission. Elle dirige également sa propre société d’experts-conseils en éducation et en développement économique, ainsi que son entreprise de conception artisanale et florale. En 1994, elle devient la première Métisse à recevoir un Prix national d’excellence décerné aux Autochtones (maintenant appelé Prix Indspire).
Elle tire sa force de ses difficultés personnelles et se bat sans relâche pour améliorer le bien-être de son peuple, en particulier celui des femmes métisses. Sa passion mène à la création de nombreux programmes provinciaux pour le logement, l’éducation et l’aide sociale destinés aux Autochtones. En 1997, le premier ministre Jean Chrétien nomme Thelma Chalifoux au Sénat, ce qui en fait la première femme autochtone à devenir sénatrice.
Après avoir pris sa retraite de la politique en 2004, Thelma Chalifoux aide à fonder le Michif Cultural Institute (maintenant Michif Cultural Connections) et le Meadowview Centre for Women’s Health and Wellness, tous deux à St. Albert, en Alberta. Elle s’implique aussi à titre d’aînée au Nechi Institute: Centre of Indigenous Learning et au Northern Alberta Institute of Technology. Elle décède entourée de sa famille le 22 septembre 2017, à l’âge de 88 ans.
Une nouvelle émission de timbres rend hommage aux dirigeants autochtones Nellie Cournoyea, George Manuel et Thelma Chalifoux
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