Un nouveau timbre rend hommage à Duncan Macpherson, pionnier de la caricature de presse

7 octobre 2021
4 minutes de lecture
L’œuvre de l’artiste, animée par son amour de l’art et de l’humour, a eu une influence majeure sur la profession

Duncan Macpherson est considéré comme un géant de la caricature de presse canadienne. Ses œuvres pleines d’esprit défiaient l’autorité et reflétaient l’opinion publique sur les événements importants d’ici et d’ailleurs. Par son travail, il a ouvert la voie à une nouvelle génération de caricaturistes.

Plusieurs « premières » marquent sa carrière : il est notamment le premier caricaturiste à être décoré de l’Ordre du Canada en 1988. Selon le Bureau du gouverneur général, « [d’un] trait de plume, il sait faire ressortir une vérité indiscutable de ce qui à première vue n’est qu’une péripétie sans conséquence, suscitant ainsi des éclats de rire ou des grincements de dents, mais jamais l’indifférence ».

Lorsqu’il entre au service du Toronto Daily Star en 1958, après avoir travaillé pour The Standard à Montréal et Maclean’s, il est le premier caricaturiste canadien à négocier son salaire en passant par un agent. D’autres caricaturistes de l’époque suivent son exemple. Au Star, il milite également pour l’indépendance éditoriale, ce qui redéfinit le rôle de la profession au Canada : autrefois de simples illustrateurs, ils commentent désormais l’actualité. Parfois, ses dessins contredisent la position de son propre journal.

Avec la permission de succession de la famille Duncan Macpherson

Par son style audacieux et distinctif, l’artiste cherche à illustrer les opinions des Canadiens ordinaires en abordant des enjeux importants comme la guerre, les affaires internationales et les hauts et les bas des politiciens du pays. Il s’exprime au nom des plus démunis tout en mettant en lumière l’hypocrisie et le snobisme de ceux en position de pouvoir.

« Duncan Macpherson dessinait aussi bien, sinon mieux, que n’importe quel autre artiste canadien qui me vient à l’esprit. Non seulement il était talentueux, mais il avait aussi un esprit particulièrement incisif », écrit Terry Mosher, caricaturiste de renom mieux connu sous le nom d’Aislin, dans son livre Professional Heckler : The Life and Art of Duncan Macpherson (en anglais seulement). « Il m’a inspiré, ainsi qu’une (ou deux) génération d’autres caricaturistes. »

Avec la permission de succession de la famille Duncan Macpherson

Duncan Macpherson développe une passion pour l’art pendant la Seconde Guerre mondiale. Après s’être engagé dans l’Aviation royale canadienne, il ne peut devenir pilote en raison d’un problème d’audition. Il emballe des bombes en Angleterre tout en suivant des cours d’art durant ses temps libres. Le dessin lui vient aussi naturellement que l’humour.

« Il représentait en quelque sorte les Canadiens de la classe ouvrière, explique son fils Ian Macpherson. Il dessinait toujours des caricatures à l’époque, dont de très bonnes des hauts placés de l’Aviation royale, et tous ses supérieurs en demandaient. Ils adoraient ce qu’il faisait. C’était un caricaturiste-né… Il s’intéressait à d’autres types d’art. Mais je pense que, comme un musicien qui choisit un certain style qu’il préfère, il est tombé amoureux de l’humour. »

Après la guerre, il utilise sa pension d’ancien combattant pour entreprendre des études au Museum of Fine Arts, à Boston, et à l’Ontario College of Art, à Toronto (l’actuelle Université de l’École d’art et de design de l’Ontario). Il travaille comme illustrateur avant d’être embauché au Star, où il fait carrière pendant plus d’une trentaine d’années.

EH BIEN, QU’ILS MANGENT DE LA BRIOCHE! Avec la permission de succession de la famille Duncan Macpherson

« Je suis mon public cible, en fin de compte. J’espère que je ne suis pas coupé de la réalité de monsieur et madame Tout-le-Monde », raconte-t-il dans le film The Hecklers (en anglais seulement) produit par l’Office national du film du Canada en 1975. Si son travail exige qu’il soit apolitique, et qu’il affirme n’avoir jamais voulu tomber dans la méchanceté, il n’hésite pas à choquer pour faire valoir son point de vue si cela s’avère nécessaire.

(Bob Olsen/Toronto Star/Getty Images)

Duncan Macpherson remporte six fois le Concours canadien de journalisme, en plus de recevoir la médaille de l’Académie royale des arts du Canada et le Prix Molson du Conseil des arts du Canada. À sa retraite, il se tourne vers la peinture et les portraits et vit avec sa femme Dorothy à Beaverton, en Ontario. Il décède en 1993, à l’âge de 68 ans.

Une nouvelle émission de timbres rend hommage à de talentueux caricaturistes de presse canadiens.

En vente maintenant