Un nouveau timbre rend hommage à la grande auteure-compositrice-interprète Buffy Sainte-Marie

18 novembre 2021
4 minutes de lecture
Notre Créateur nous a faits à son image : débordants de créativité et constamment en train d’évoluer, de changer et de grandir.  – Buffy Sainte-Marie

Possédant l’une des voix les plus distinctives et reconnaissables de l’industrie musicale, l’auteure-compositrice-interprète de renommée mondiale Buffy Sainte-Marie s’en sert depuis près de 60 ans pour dénoncer l’injustice et favoriser le changement.

L’artiste serait née le 20 février 1941 dans la Première Nation de Piapot, dans la vallée de la Qu’Appelle, située dans le sud-est de la Saskatchewan. Élevée par des parents adoptifs en Nouvelle-Angleterre, et victime de racisme et d’abus pendant son enfance, elle se tourne vers la musique pour le plaisir.

« Comme je suis dyslexique en musique, je suis incapable d’apprendre le solfège. Ma musique, je la fais instinctivement, à l’oreille, depuis que j’ai trois ans. J’ai tout appris par moi-même, malgré qu’on m’ait dit que je n’y arriverais pas, raconte-t-elle. On m’a aussi que je ne pouvais pas être Autochtone parce que le peuple était disparu. Le fait de savoir que les gens ont parfois tort et qu’on a raison peut vraiment nous aider à comprendre le monde. »

Elle obtient son diplôme d’études collégiales au début des années 1960, après quoi elle commence à jouer dans des cafés et à des festivals de folk, où son vibrato, ses performances touchantes et ses textes directs ont tôt fait d’attirer l’attention. Profondément passionnée par son art et ses convictions, elle milite ouvertement pour les droits des Autochtones et se fait le porte-voix des opprimés.

Une vingtaine d’années après le lancement de son premier album It’s My Way! (1964), qui contient le célèbre hymne de paix « Universal Soldier », elle découvre que ses chansons sont bannies des ondes des stations de radio américaines par les administrations Johnson et Nixon.

« Je ne pouvais rien y faire, raconte-t-elle. J’ai simplement continué à écrire, à peindre et à jouer de la musique, même si ça n’aboutissait à rien, parce que c’est ce que j’aime faire. Je suis une artiste. »

La musique de Buffy Sainte-Marie – de ses titres à succès comme « Until It’s Time for You to Go », « Up Where We Belong » et « Still This Love Goes On », à ses chansons de protestation sérieuses comme « Universal Soldier », « Now That the Buffalo’s Gone », « The War Racket » et « No No Keshagesh » – évolue constamment, mariant et transcendant les genres. Bien qu’elle affirme être influencée par toute la musique, elle admet qu’elle a un penchant pour Tchaïkovski et Little Richard, et qu’elle s’identifie étroitement aux voix uniques et saisissantes d’Édith Piaf et de Carmen Amaya.

« Pour moi, ce style plus viscéral est très naturel. Le chant de pow-wow n’a rien à voir avec l’approche vocale classique de la musique populaire. On peut facilement chanter toute la nuit, explique-t-elle. J’ai aussi écouté beaucoup d’artistes de Delta blues raconter leur histoire. C’est ce que j’aime, peu importe d’où et de quand ça vient. Ces émotions brutes offrent un spectacle unique. »

Au fil des ans, Buffy Sainte-Marie consacre son énergie et sa créativité inépuisables à divers autres projets que sa musique. Elle fait notamment découvrir la culture autochtone à des millions d’enfants en se joignant à la distribution de Sesame Street durant plusieurs saisons. Elle fait également sa marque comme artiste multimédia; ses œuvres, significatives et captivantes, sont exposées dans des galeries au Canada et aux États-Unis.

« C’est une autre sorte de plaisir. Je me sers du même cerveau, mais d’outils différents. Croyez-le ou non, je ne suis pas une intellectuelle à la poursuite d’un objectif. Je suis comme une enfant : je joue avec les bases de l’art, comme les couleurs, les sons, la lumière, la mélodie, les lignes, les contrastes, l’harmonie, la réflexion, le rythme, la répétition. Je ferais la même chose en jouant dans le sable à la plage. »

Cette attitude se reflète aussi dans l’ouverture de Buffy Sainte-Marie à recourir aux nouvelles technologies de l’époque pour créer. En 1969, elle lance Illuminations, le premier disque quadriphonique vocal jamais enregistré, qui marque aussi le début de son expérimentation avec les sons électroniques. En 1984, elle commence à travailler sur sa collection d’œuvres d’art numériques au moyen de la première version de MacPaint, sur le premier ordinateur Macintosh. Puis en 1991, elle enregistre Coincidence and Likely Stories, le premier album à être distribué en version numérique sur Internet.

Aujourd’hui âgée de 80 ans, Buffy Sainte-Marie est toujours aussi prolifique. Connue pour sa vision artistique unique et son courage inébranlable face à l’adversité, elle compte des admirateurs loyaux et passionnés partout au Canada et dans le monde. Avec plus de 20 albums à son actif, ses chansons sont reprises par des centaines d’artistes, dont Elvis Presley, Neil Diamond, Barbra Streisand et Cher.

Lauréate de nombreuses récompenses, elle est notamment nommée Compagnon de l’Ordre du Canada et reçoit plusieurs prix JUNO, ainsi qu’un Academy Award pour la coécriture du titre à succès « Up Where We Belong » du film Officier et gentleman. Notre timbre commémoratif qui lui est consacré s’ajoute à ces honneurs.

Si elle est flattée par toute cette reconnaissance, elle avoue que ses réalisations les plus chères sont liées à son travail en éducation et en philanthropie. Elle est particulièrement fière de voir deux de ses premiers boursiers devenir présidents de collèges tribaux. De plus, elle espère que son programme scolaire Cradleboard Teaching Project, qui aborde des matières de base comme la science, l’histoire et la géographie d’une perspective autochtone, sera adopté au Canada comme il l’a été dans certaines régions des États-Unis.

« C’est comme essayer de recueillir de l’eau dans un rideau de dentelle. Nos histoires, la santé de nos collectivités et notre capacité à survivre à l’assaut de défis actuels ont été morcelées à la façon d’un poulet que l’on pare, explique-t-elle. On fait tous face à cela à notre façon. Pour ma part, je me remets des coups de la vie et j’aide les autres en offrant des bourses, en créant et en sensibilisant les gens. »

Son conseil pour les artistes autochtones émergents?

« […] vous pouvez vous développer sans cesse, au gré de ce que la vie sème sur votre route, mais aussi en trouvant une nouvelle source de créativité, sachant que le monde n’a peut-être pas conscience d’une réalité qui est la vôtre. Faites jaillir votre lumière sur le pommier de la collectivité, et essayez de le faire grandir le plus possible. »

Un nouveau timbre rend hommage à la grande auteure compositrice interprète Buffy Sainte-Marie

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