Pendant des millénaires, nous avons rêvé, le regard tourné vers le ciel, de voler parmi les nuages. Le Canada a vu naître bon nombre de pionniers du monde de l’aviation, qui ont conquis le ciel avec bravoure alors que le vol en avion n’en était qu’à ses débuts ou qui ont mis leur talent et leur vision au profit de nouveaux moyens de s’envoler. Ces timbres conçus par Ivan Novotny de Taylor|Sprules Corporation célèbrent trois personnes et deux aéronefs qui ont propulsé l’aviation canadienne vers de nouveaux sommets.

Elsie MacGill
Née à Vancouver, Elizabeth Muriel Gregory (Elsie) MacGill est une pionnière du génie aéronautique, à une époque où les femmes doivent surmonter d’importants obstacles pour faire carrière en sciences ou dans les technologies. Elsie MacGill trace la voie à maintes reprises : elle est la première Canadienne à obtenir un diplôme en génie électrique et est considérée comme la première femme au monde titulaire d’une maîtrise en génie aéronautique. Elle est reconnue comme étant la première ingénieure en aéronautique et conceptrice d’aéronefs professionnelle du monde, la première femme membre de l’Institut canadien d’ingénierie et la première femme à présider un comité technique des Nations Unies.

En 1938, Elsie MacGill devient ingénieure aéronautique en chef de l’usine de la Canadian Car and Foundry à Fort William (aujourd’hui Thunder Bay), en Ontario. Elle y conçoit toutes les pièces principales de l’aéronef Maple Leaf Trainer II. Pendant la Deuxième Guerre mondiale, le fabricant se voit confier la production du Hawker Hurricane pour la Royal Air Force. Elsie MacGill dirige la production des appareils et supervise le perfectionnement d’un système modulaire qui simplifie la construction, la réparation et le remplacement des pièces. Surnommée « Queen of the Hurricanes » dans une bande dessinée de l’époque qui lui rend hommage, Elsie MacGill se fait plus tard championne de l’égalité des droits et devient membre influente de la Commission royale d’enquête sur la situation de la femme.

Avro Arrow
L’intercepteur bimoteur et supersonique Avro CF-105 Arrow est sans doute l’un des plus célèbres aéronefs à ne pas avoir été fabriqué en série. Il est mis au point et construit par A.V. Roe (Avro) Canada et ses deux filiales, Avro Aircraft et Orenda Engines, dans la ville de Malton, qui de nos jours fait partie de Mississauga, en Ontario. Conçu entre 1953 et 1959 afin de renforcer la défense nord-américaine pendant l’après-guerre, l’Arrow à ailes delta est considéré comme l’une des plus grandes réalisations technologiques de l’histoire de l’aviation canadienne. Capable de voler à une vitesse deux fois supérieure à celle du son, il est le premier aéronef à être équipé de commandes de vol électriques automatiques, et sa soute d’armement peut contenir des armes de toutes les tailles ou presque. La puissance, la légèreté et l’efficience énergétique du moteur PS-13 Iroquois sont des percées révolutionnaires.

Le premier Arrow (RL-201) sort de l’usine en octobre 1957. Au mois de mars suivant, le pilote d’essai Jan Żurakowski décolle de l’aéroport Malton (aujourd’hui l’aéroport international Lester B. Pearson de Toronto) et réussit un vol de 35 minutes. Cinq Arrow sont construits avant que le programme soit annulé le 20 février 1959.

William George Barker, v.c.
Né dans une cabane en bois rond près de Dauphin, au Manitoba, le pilote de la Royal Air Force pendant la Première Guerre mondiale William George Barker, V.C., est le militaire le plus décoré de l’histoire du Canada et de l’Empire britannique. Pour ses exploits et ses actes de bravoure, notamment 50 victoires aériennes remportées en plus de 900 heures de vol au combat, il reçoit l’Ordre du Service distingué (deux fois), la Croix militaire (trois fois), la Croix de guerre et la Medaglia d’Argento al Valor Militare (deux fois). Il obtient aussi la Croix de Victoria pour avoir abattu quatre avions allemands durant son dernier combat en France en octobre 1918, malgré ses nombreux attaquants et des pertes de conscience causées par ses blessures.

De retour au Canada après la guerre, William Barker se joint à un autre as de l’aviation, Billy Bishop, pour fonder l’une des premières compagnies aériennes commerciales du Canada : Bishop-Barker Aeroplanes Limited. En 1919, lors d’une course aérienne aller-retour entre Toronto et New York, il est le premier pilote canadien à transporter du courrier-avion international, puis en 1921, le premier à transporter du fret commercial entre le Canada et les États-Unis. William Barker est le premier président des Toronto Maple LeafsMD, nommé par Conn Smythe, le fondateur de l’équipe de hockey et son collègue au Royal Flying Corps. Son dernier combat aérien mené seul passe à l’histoire et inspire les écrivains de l’époque et ceux des décennies suivantes. William Barker devient un personnage d’Ernest Hemingway dans sa nouvelle Les neiges du Kilimandjaro écrite en 1936.

Lazair
L’aéronef Ultraflight Lazair, mieux connu sous le nom de Lazair, est un bimoteur ultraléger à aile haute conçu par Dale Kramer de Port Colborne, en Ontario. Ce dernier le termine vers la fin de 1978 et le dévoile lors du rassemblement d’aéronefs Sun ’n Fun de 1979, où il remporte le prix de l’aéronef ultraléger maison le mieux construit. Avec sa configuration d’avion et son envergure de 11 mètres, semblable à un planeur, le Lazair combine un moteur de tronçonneuse léger et efficace à des matériaux d’aéronef modernes. Même si la production prend fin en 1985, on retrouve aujourd’hui plus de Lazair enregistrés au Canada que tout autre aéronef ultraléger, et il est considéré comme l’un des meilleurs de son genre jamais construits.

À ses débuts, le Lazair remporte les premiers prix de tous les spectacles aériens auxquels il participe. En 1982, Dale Kramer effectue des démonstrations de vol au Salon International de l’Aéronautique et de l’Espace à Paris. La même année, la Fédération Aéronautique Internationale octroie un diplôme d’honneur à son entreprise, Ultraflight Incorporated, pour ses contributions aux progrès dans le secteur de l’aviation. En 1983, Dale Kramer reçoit la distinction Roméo-Vachon de l’Institut aéronautique et spatial du Canada pour sa contribution exceptionnelle au développement de l’aéronautique au Canada. En 1986, il reçoit un prix de mérite de la Fondation des prix Ernest C. Manning pour la conception, la production et la commercialisation de l’un des meilleurs aéronefs ultralégers du monde.

Punch Dickins
Enfant chéri de Portage la Prairie, au Manitoba, pionnier de l’aviation et pilote de brousse, C.H. « Punch » Dickins est un as de l’aviation durant la Première Guerre mondiale, que l’on décore de la Croix du service distingué dans l’Aviation. Il se joint au 196e bataillon du Corps expéditionnaire canadien en 1917, puis s’enrôle dans le Royal Flying Corps et participe à 73 missions de combat durant la Première Guerre mondiale. Il sert ensuite dans l’Aviation canadienne, puis fait la première livraison de courrier par avion entre Winnipeg et Edmonton au service de la Western Canada Airways en 1928.

La même année, Punch Dickins effectue le premier vol de reconnaissance au-dessus de la toundra des Territoires du Nord-Ouest dans son hydravion Fokker Super Universal et parcourt plus de 6 000 kilomètres en 37 heures de vol. Il reçoit le trophée Trans-Canada (-trophée McKee) pour cette réalisation exceptionnelle dans le domaine des opérations aériennes. Durant la Seconde Guerre mondiale, il gère des écoles de pilotage pour le Programme d’entraînement aérien du Commonwealth et dirige l’Atlantic Ferry Command, qui envoie des avions de guerre fabriqués en Amérique du Nord effectuer le périlleux voyage transatlantique pour aider les forces alliées. Il occupe des postes de direction au sein des Lignes aériennes Canadien Pacifique et du fabricant de Havilland Canada, où il influence la conception et le lancement du DHC-2 Beaver, souvent considéré comme le meilleur avion de brousse jamais fabriqué. Il est le premier pilote à enregistrer un million de milles de vol (1,6 million de kilomètres).