Message du président
Nous vivons une période imprévisible et tumultueuse. Les liens qui nous unissent à notre voisin du Sud depuis des générations se détricotent sous nos yeux et les conséquences sont traitées comme de simples dommages collatéraux.
Comme vous, j’ai été extrêmement fier de voir la réaction rapide et audacieuse de nos leaders et du peuple canadien. Les gouvernements réagissent, les entreprises s’organisent et les gens regardent les étiquettes et vont en ligne pour trouver des produits et des entreprises d’ici. D’importantes discussions publiques ont lieu sur la façon de renforcer notre économie, d’éliminer les obstacles et de renforcer la résilience à l’échelle nationale.
Postes Canada peut et doit jouer un rôle de premier plan dans ce mouvement collectif d’Équipe Canada. Nous sommes l’infrastructure nationale de livraison. Nous ne sommes pas parfaits, et des changements majeurs s’imposent de toute urgence, mais nous sommes la seule entreprise de livraison qui a le réseau, le personnel et l’engagement nécessaires pour servir tout le monde. Le peuple canadien est rempli de fierté et nous constituons un maillon essentiel pour relier les quatre coins du pays.

Nous sommes un élément important d’Équipe Canada, mais des changements s’imposent de toute urgence
Nous avons déjà vécu une telle situation. Le service postal national a vu le jour dans les années 1880 lors de l’expansion du chemin de fer national. Son objectif était d’aider notre jeune pays à transporter des marchandises, à relier les collectivités et à bâtir l’économie pour repousser notre voisin du Sud en pleine expansion.
Aujourd’hui, il est tout aussi important de renforcer notre économie et notre identité nationales à l’aide d’une entreprise de livraison publique entièrement canadienne. Les entreprises canadiennes ont besoin que Postes Canada soit forte pour avoir une chance de réussir au pays et à l’étranger. Nous pouvons les aider à faire croître leurs activités ou à faire face au marché actuel, et plus encore. Les gens d’ici achètent des produits canadiens et devraient toujours pouvoir les faire expédier par une entreprise canadienne.
Il y a toutefois un problème majeur. Tel qu’il est structuré actuellement, le système postal perd environ un milliard de dollars par année et vient d’enregistrer sa septième perte annuelle consécutive. Pour aider Postes Canada à demeurer solvable et à poursuivre ses activités, le gouvernement du Canada a mis à la disposition de la Société un financement remboursable. Nous serons donc là pour la population canadienne à court terme, mais il est plus urgent que jamais de changer notre modèle d’exploitation, de relever nos défis et de sécuriser cette infrastructure nationale pour l’avenir.
Des mesures vigoureuses sont nécessaires pour sécuriser notre importante infrastructure nationale
Si nous oublions notre vision nostalgique de Postes Canada et que nous l’examinons dans l’optique actuelle d’Équipe Canada, nous découvrons un atout économique incroyable qui est prêt à servir le pays et à renforcer encore une fois la résilience nationale.
Il est donc temps d’adopter une nouvelle approche audacieuse pour rendre le système postal financièrement viable et toujours présent pour la population canadienne. Pour y arriver, nous devons d’abord surmonter la forte résistance au changement qui a plongé le système postal national dans l’insolvabilité. Nous sommes maintenus prisonniers d’un passé axé sur le courrier, avant l’arrivée d’Internet, avec un modèle de livraison conçu il y a des décennies et un cadre réglementaire et stratégique tout aussi désuet. Le passé nous a rattrapés et nous perdons rapidement du terrain sur le marché actuel hautement concurrentiel de la livraison des colis.
Une voie à suivre pour le service postal
Le système postal tel qu’il existe aujourd’hui a pris forme en 1981, lorsque Postes Canada est devenue une société d’État. Selon le principe de l’utilisateur-payeur, il est conçu de façon à conférer au service postal l’autonomie nécessaire pour évoluer en fonction des besoins du pays. Au fil du temps, cette autonomie et cette flexibilité ont grandement diminué. Nous avons apporté des changements importants pour améliorer le service et faire concurrence dans le secteur des colis, mais il reste encore beaucoup à faire. Ce ne sont pas des dons dont nous avons besoin, mais des partenaires qui sont prêts à travailler avec nous pour apporter les vrais changements nécessaires pour moderniser Postes Canada et assurer son avenir.
Tout d’abord, nous avons besoin d’un nouveau modèle de livraison plus flexible et abordable qui offre la livraison des colis la fin de semaine. La négociation de notre modèle de livraison remonte à des dizaines d’années, lorsque notre plus gros problème était de gérer un flot constant de courrier. Ce point était un élément important lors des négociations de l’an dernier avec le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP). Malheureusement, cette année s’est terminée par une grève nationale de 32 jours. L’arrêt de travail a eu une incidence marquée sur le personnel, les petites entreprises, les régions rurales et éloignées, les organismes de bienfaisance et bien d’autres personnes.
Soyons réalistes : si nous voulons être là pour la population canadienne et notre personnel à l’avenir, nous devons en faire beaucoup plus. Notre équipe est la plus compétente du secteur, mais notre modèle de livraison désuet et nos règles strictes en milieu de travail nous empêchent de progresser. Répondre aux besoins des gens d’ici devrait toujours nous guider et nous nous engageons à suivre cette voie.
Ensuite, nous avons besoin d’une révision majeure de notre cadre réglementaire et stratégique, qui est si désuet que l’on devrait l’envoyer au Musée canadien de la poste aux côtés du timbre du Castor de trois pence. Une fonction de surveillance est importante, mais des décennies de restrictions imposées au système postal par les gouvernements qui se sont succédé empêchent une transformation réelle et augmentent les coûts. Le pays que nous servons a beaucoup changé, mais à bien des égards, on nous oblige à fonctionner comme si Internet n’était qu’une mode passagère et que le courrier était sur le point de faire son grand retour.
On nous impose encore un délai de quatre jours pour livrer une lettre d’un bout à l’autre du pays, ce qui nécessite un acheminement par avion coûteux. Au bout du compte, la lettre restera probablement dans une boîte postale communautaire pendant plusieurs jours avant que quelqu’un ne la ramasse. Nous ne pouvons pas apporter de changements à une liste de bureaux de poste ruraux datant de 1994, même si environ 30 % des collectivités sur la liste, comme Richmond Hill en Ontario, ne sont clairement plus rurales. Nous sommes également tenus de protéger la livraison du courrier à la porte pour moins de 25 % des ménages. Pourtant, 70 % des adresses canadiennes reçoivent leur courrier à un emplacement centralisé, comme une boîte postale communautaire, à une fraction du coût.
Renforcer l’Équipe Canada grâce à une infrastructure de livraison nationale moderne
Ce moment décisif de l’histoire de notre pays est arrivé sans avertissement, mais partout, on observe une volonté de renforcer tout ce qui est important pour nous en tant que Canadiens et Canadiennes. Il nous faut la même énergie et les mêmes efforts de collaboration pour renouveler et revitaliser cette infrastructure nationale construite pour permettre aux gens d’ici d’échanger des marchandises, peu importe où ils vivent. À Postes Canada, nous sommes là pour la population canadienne depuis le début et nous sommes pleinement en mesure de faire face ensemble à ce qui nous attend. Nous voulons que le Canada demeure ce qu’il a toujours été, un pays fort et libre.
Doug Ettinger
Président-directeur général