Rapport annuel 2024

Un modèle de livraison flexible
pour répondre à de nouveaux besoins

Un modèle de livraison flexible pour répondre à de nouveaux besoins

Au cours de sa longue histoire, Postes Canada a constamment évolué pour suivre le rythme des besoins et des attentes en évolution de la population canadienne. Ces 20 dernières années, notre pays est passé de l’ère du courrier papier, qui a connu son apogée en 2006, à une ère définie par la communication numérique. Lorsque les gens ont commencé à recevoir moins de lettres et plus de colis provenant du magasinage en ligne, nous avons adapté nos services pour répondre à leurs nouvelles habitudes.

Grâce à cette longueur d’avance sur le marché des colis, Postes Canada est devenue le chef de file de la livraison de colis du cybercommerce au pays, livrant à un moment donné les deux tiers des colis du magasinage en ligne. En 2019, le secteur des colis représentait la plus grande part des revenus de Postes Canada. Au cours de cette même année, nous avons lancé un plan de transformation complet, conçu pour la croissance du cybercommerce.

Des changements profonds dans les besoins de la population

Au cours des dernières années, les besoins en matière d’expédition des gens se sont complètement transformés, à un rythme sans précédent. La pandémie de COVID-19 a créé un engouement soudain et durable pour le commerce en ligne. Lorsque le pays est sorti de la pandémie, les changements dans le secteur concurrentiel de la livraison se sont rapidement accélérés.

Aujourd’hui, le marché de la livraison des colis fait face à une concurrence intense et croissante de la part de sociétés mondiales et de fournisseurs de services de livraison agiles possédant des structures de main-d’œuvre à faible coût. Dans ce climat concurrentiel postpandémie, ce qui compte, ce n’est plus seulement de recevoir un colis; c’est la rapidité, le coût, la commodité et bien plus encore. Chaque colis compte. L’ancien modèle d’exploitation et les conventions collectives de Postes Canada, conçus pour une époque révolue axée sur la poste-lettres, nous font perdre du terrain.

Un modèle de livraison désuet

Des défis existentiels menacent le modèle de livraison désuet de Postes Canada. Le modèle actuel est rigide et inefficace. Il empêche l’entreprise d’être concurrentielle, de faire croître ses activités et d’assurer son autonomie financière. La résistance au changement manifestée par divers gouvernements et par le plus important syndicat de Postes Canada a mené l’entreprise au bord de l’insolvabilité financière.

Les itinéraires de livraison sont fixes et fondés sur un nombre fixe d’adresses à desservir, plutôt que sur les volumes à livrer. Cela limite la capacité de Postes Canada à répondre à l’évolution des exigences de la clientèle. Le système actuel ne tient pas compte de façon efficace des fluctuations quotidiennes des volumes ou ne permet pas facilement à l’entreprise d’équilibrer la charge de travail du personnel de livraison pendant les heures prévues. Il en résulte donc des inefficacités, comme des heures payées improductives pour des membres du personnel qui ont moins de volume à livrer et des heures supplémentaires inutiles pour d’autres qui ont des volumes plus importants. Dans le cadre de ce modèle, l’entreprise engage des coûts d’heures supplémentaires substantiels pour offrir des services de livraison le soir et la fin de semaine. C’est inabordable et intenable.

Pour s’adapter aux changements dans les adresses, les volumes et la charge de travail sur chaque itinéraire de livraison, Postes Canada utilise un processus de réorganisation des itinéraires prévu dans ses conventions collectives avec le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP). Toutefois, la réorganisation d’un itinéraire de livraison prend souvent plusieurs mois et il peut s’écouler de trois à cinq ans avant que le même itinéraire fasse l’objet d’une nouvelle réorganisation. De plus, la réorganisation se base sur les volumes des quatre années précédentes, plutôt que sur des prévisions de volumes qui tiennent compte d’un marché en constante évolution. Ce processus de réorganisation des itinéraires est peu efficace dans le marché rapide de la livraison des colis, où les volumes peuvent changer considérablement chaque mois, chaque semaine et même chaque jour. En effet, nos concurrents utilisent une technologie sophistiquée pour concevoir et rajuster les itinéraires au quotidien, ce qui maximise l’efficacité et la rapidité tout en réduisant les coûts au minimum.

Nous continuons de travailler avec nos agents négociateurs, en particulier le STTP, afin d’accroître la flexibilité de nos méthodes de livraison. Cette collaboration est essentielle pour offrir des services rentables sept jours sur sept qui répondent aux besoins de la population canadienne en matière de cybercommerce et pour aider la Société à retrouver le chemin de l’autonomie financière.

Plus de souplesse dans les conventions collectives

Les conventions collectives entre Postes Canada et le STTP contiennent des exigences et des restrictions qui ont été ajoutées il y a des décennies, lorsque le service postal avait un flot important et régulier de courrier à livrer. Les volumes de courrier ne représentent plus qu’une fraction de ce qu’ils étaient. Pourtant, les négociations portant sur des modifications modérées aux conventions collectives ont été extrêmement difficiles, malgré plusieurs tentatives. Aujourd’hui, les conventions limitent considérablement la capacité du service postal à répondre aux besoins dynamiques de la population et des entreprises canadiennes, y compris l’offre de la livraison abordable de colis le soir et la fin de semaine.

La Société fournit des services de livraison de colis du lundi au vendredi (sauf dans des situations limitées), tandis que de nombreux concurrents assurent la livraison sept jours par semaine. Postes Canada est l’exception en matière de livraison la fin de semaine comparativement à d’autres grands services postaux partout dans le monde. Puisque nous ne pouvons pas actuellement offrir la livraison abordable des colis la fin de semaine, nous perdons de la clientèle en semaine, surtout le vendredi. Sans une solution de fin de semaine viable, nous ne pouvons pas réellement faire concurrence les fins de semaine et nous continuerons de perdre de la clientèle en semaine, ce qui érodera encore plus notre part du marché de la livraison.

Le modèle actuel de livraison et d’affectation prévu dans les conventions est rigide et permet difficilement de s’adapter aux demandes changeantes de la clientèle. Par conséquent, l’entreprise a de la difficulté à planifier les horaires du personnel de livraison à temps partiel en fonction des fluctuations des volumes. Il est essentiel que nous commencions à adapter le service postal aux réalités du marché d’aujourd’hui. Toutefois, Postes Canada n’aspire pas au modèle de main-d’œuvre contractuelle utilisé par de nombreuses nouvelles entreprises de livraison privées à faible coût. La Société est déterminée à continuer d’offrir de bons emplois assortis d’avantages sociaux, et du travail équitable et sécuritaire aux personnes partout au pays.

Un avenir fragilisé par la dynamique changeante du marché

Il est clair que nous devons changer la façon dont nous effectuons la livraison. Les marchés dans lesquels Postes Canada exerce ses activités ont connu des changements fondamentaux, à long terme et irréversibles. Ce passage radical du courrier aux colis signifie que les volumes de poste-lettre ne peuvent plus à eux seuls soutenir le réseau postal. En même temps, les pressions concurrentielles croissantes sur le marché des colis et les coûts de main-d’œuvre non concurrentiels et rigides de Postes Canada ne permettent pas à notre secteur Colis de compenser les pertes liées à la prestation de services essentiels comme la poste-lettres.

Ces défis se sont accélérés au cours des dernières années et ne montrent aucun signe de ralentissement. Postes Canada continue d’avoir de la difficulté sur le plan de la concurrence et sur le plan financier en raison de son modèle de livraison et d’affectation désuet. Ces problèmes ont contribué à des pertes totalisant plus de 3,8 milliards de dollars avant impôt depuis 2018 et ils menacent la capacité de la Société de respecter ses obligations envers la population canadienne.

Pour pouvoir investir dans l’avenir du service postal et retrouver son autonomie financière, Postes Canada a besoin de modifications importantes à ses conventions collectives. Nous avons besoin de flexibilité pour protéger notre avenir.

Recul rapide sur le marché des colis

En raison des restrictions découlant de son modèle d’exploitation et de ses conventions collectives, Postes Canada ne peut pas suivre la concurrence. Par conséquent, la part de la Société sur le marché de la livraison des colis est passée de près des deux tiers avant la pandémie à moins du quart aujourd’hui : elle est passée de 62 % en 2019 à seulement 24 % en 2024 avant l’arrêt de travail.

Les colis représentent environ la moitié des revenus de Postes Canada et contribuent au maintien d’une grande partie de ses opérations à l’échelle nationale. Dans cette optique, il est essentiel que le service postal demeure concurrentiel sur le marché de la livraison des colis.

Attentes élevées de la clientèle

Sur le marché du cybercommerce actuel, les gens ont des attentes plus élevées quant au rendement du service, aux délais de livraison et aux options de livraison flexibles, y compris les fins de semaine, le jour même et le lendemain.

Nos concurrents bien établis et les nouveaux venus sur le marché ont su s’adapter à la demande accrue pour des livraisons rapides et fiables, sept jours sur sept. Ils ont su profiter de cette tendance à la hausse, surtout dans les centres urbains, pour s’approprier la part de marché de Postes Canada en semaine et la fin de semaine. Les livraisons la fin de semaine, qui représentent déjà une importante part de l’ensemble des livraisons au Canada, devraient continuer d’augmenter, car la livraison sept jours par semaine devient la norme pour la plupart des gens au pays.

La menace pour le modèle d’affaires de Postes Canada

Peu importe leur taille, les commerces en ligne sélectionnent des fournisseurs de services de livraison en fonction du prix, de la vitesse de livraison, de l’option de livraison la fin de semaine et d’un service fiable. Ces nouvelles attentes ont entraîné plusieurs changements du marché qui menacent le modèle d’affaires de Postes Canada :

  • Demande accrue pour la livraison la fin de semaine – Les commerces et les gens veulent de plus en plus que les colis soient livrés les fins de semaine. L’incapacité actuelle de Postes Canada d’offrir des livraisons de colis abordables la fin de semaine l’empêche en grande partie d’accéder à ce segment essentiel du marché.
  • Approches de livraison locales – Les commerces gardent leurs stocks plus près de la clientèle afin de réduire les délais et les coûts d’expédition. Cette approche bouscule les fondements économiques du modèle de livraison national de Postes Canada, car les entreprises de livraison régionales à faible coût offrent des tarifs hautement concurrentiels.
  • Comparaison des prix – Les commerces ont des contrats d’expédition avec plusieurs partenaires de livraison afin de pouvoir choisir le meilleur prix pour chaque colis expédié. Les transporteurs qui offrent des tarifs concurrentiels ainsi que des services de livraison le soir et la fin de semaine ont un avantage important sur les plateformes de comparaison des prix automatisés.
  • Essor des plateformes tierces – Les plateformes tierces comme les places de marché et les systèmes d’expédition offrent aux commerces des tarifs d’expédition fortement réduits et concurrentiels provenant de plusieurs transporteurs, ce qui ajoute aux pressions concurrentielles sur Postes Canada.
  • Tarification dynamique – Nos concurrents investissent dans des données et des technologies de pointe afin d’analyser les dynamiques du marché, la capacité du réseau et les coûts. Ils peuvent ainsi offrir un prix optimal pour chaque colis, ce qui maximise leur rentabilité et leur part de marché.

Il est important de retenir que nos concurrents n’ont pas l’obligation de service universel de Postes Canada, soit de servir les 17,6 millions d’adresses au pays. Ces entreprises peuvent prendre des décisions d’affaires stratégiques quant à l’endroit et à la façon d’exercer leurs activités, en fonction des revenus. Par exemple, elles peuvent se concentrer uniquement sur la livraison dans les zones urbaines à forte densité et lucratives des plus grandes villes du Canada. Elles peuvent choisir de ne pas exercer leurs activités dans des secteurs qui ne sont pas rentables. En revanche, Postes Canada doit servir toutes les adresses commerciales et résidentielles au pays.

Des changements nécessaires pour moderniser Postes Canada

Des changements importants s’imposent rapidement pour moderniser le système postal et répondre aux défis toujours plus nombreux de Postes Canada. La Société ne peut pas compter sur son modèle d’exploitation actuel et les règles des conventions collectives qui ont été conçus pour l’époque révolue du courrier papier.

Pour continuer à remplir son important mandat de service auprès de la population canadienne et à répondre à ses besoins en évolution, le service postal a besoin d’une plus grande flexibilité pour :

  • se démarquer dans le secteur de la livraison des colis en croissance et hautement concurrentiel d’aujourd’hui;
  • baser ses itinéraires de livraison sur les volumes de colis qui doivent être livrés chaque jour;
  • offrir le service de livraison la fin de semaine, le soir et le lendemain à des tarifs abordables;
  • planifier les horaires du personnel en fonction des fluctuations des volumes;
  • concevoir le réseau de sorte que Postes Canada puisse faire concurrence à l’échelle locale et optimiser la densité de livraison pour tous les produits, sept jours sur sept;
  • adapter la livraison du courrier aux attentes actuelles et futures de la population canadienne;
  • tirer parti de son effectif et l’adapter afin d’améliorer la productivité et de répondre aux besoins opérationnels;
  • investir dans l’entreprise, son réseau et son personnel, et améliorer constamment le service.

Pour soutenir Postes Canada en tant que fournisseur de services et continuer de répondre aux besoins en évolution des collectivités et des entreprises, il faut financer son obligation de service universel par l’entremise de son secteur Colis. Pour ce faire, il faut apporter des changements importants à son modèle de livraison et à ses conventions collectives.

Des renseignements plus détaillés sur les défis de l’entreprise et les changements proposés sont présentés dans le mémoire de Postes Canada à la Commission d’enquête sur les relations de travail. Le ministre du Travail a créé la Commission pour examiner le différend sur les conventions collectives entre Postes Canada et le STTP et, plus globalement, la situation financière et concurrentielle de l’entreprise.