Résumé
Postes Canada est fière de livrer à tout le monde. C’est plus qu’un devoir, c’est notre histoire. Notre infrastructure nationale essentielle s’étend aux quatre coins du pays. Nous jouons un rôle vital pour plusieurs communautés et nous aidons les entreprises canadiennes à se démarquer. Par contre, notre structure de base, vieille de plusieurs décennies, est en train de s’effondrer et nous empêche de réussir dans le marché de la livraison hyperconcurrentiel d’aujourd’hui. Notre avenir est menacé.
Le mandat de longue date de la Société est de servir l’ensemble de la population canadienne – dans les régions urbaines, rurales et éloignées – et de le faire de façon financièrement autonome grâce aux revenus générés par ses produits et services, et non grâce à l’argent des contribuables. L’entreprise fonctionne selon un modèle utilisateur-payeur qui vise à ce que le service postal soit à l’écoute des attentes en évolution des Canadiens et des Canadiennes. Pour ce faire, Postes Canada doit pouvoir évoluer au même rythme que les besoins du pays. Toutefois, la Société perd rapidement du terrain.
Notre modèle opérationnel et notre cadre réglementaire et stratégique désuet limitent notre capacité à nous adapter aux besoins en évolution du pays. De plus, les volumes de poste-lettres poursuivent leur déclin et la concurrence s’intensifie rapidement dans le secteur de la livraison du cybercommerce. C’est pourquoi la Société a enregistré d’importantes pertes financières au cours des dernières années et se trouve maintenant à un moment critique de son histoire. Ensemble, ces défis menacent notre capacité à servir tout le pays et nous empêchent de suivre le rythme des besoins en évolution de la population et des entreprises canadiennes.
Comme le montre ce rapport, la situation financière de Postes Canada n’est pas viable. Nous devons apporter des changements de toute urgence pour moderniser et protéger notre infrastructure nationale essentielle dans l’intérêt de l’ensemble des Canadiennes et des Canadiens. L’avenir du système postal national est en danger. Le statu quo a mené la Société au bord de l’insolvabilité; il ne s’agit clairement pas d’une option viable.
Les pertes financières continuent de s’accumuler
- La Société a enregistré sept années consécutives de pertes importantes.
- En 2024, Postes Canada a enregistré une perte d’exploitation de près de 1,3 milliard de dollars. Cette perte exclut les gains non récurrents et les revenus de dividendes découlant des cessions de Groupe SCI inc. (SCI) et d’Innovapost Inc. (Innovaposte) dans la première moitié de l’année.
- Depuis 2018, Postes Canada a enregistré des pertes d’exploitation cumulatives de plus de 4,5 milliards de dollars.
- Postes Canada a enregistré une perte totale avant impôt de 841 millions de dollars en 2024, comparativement à une perte avant impôt de 748 millions de dollars en 2023. Cette perte avant impôt tient compte des gains non récurrents et des revenus de dividendes provenant des cessions de SCI et d’Innovaposte.
- Depuis 2018, Postes Canada a perdu plus de 3,8 milliards de dollars avant impôt.
- La grève nationale du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP) au quatrième trimestre a eu de lourdes conséquences sur les secteurs d’activité en 2024. Le secteur Colis a été le plus touché. En effet, les revenus et les volumes de ce secteur, qui avaient déjà diminué dans les trois premiers trimestres, ont connu une chute abrupte, soit de 20,3 % et de 19,9 %, respectivement, par rapport à l’année précédente.
- Les coûts d’exploitation de Postes Canada, qui étaient jusque-là en voie d’augmenter pour l’année précédant la grève, ont diminué de 5,3 % en 2024 par rapport à l’année précédente, principalement en raison de l’interruption des activités pendant l’arrêt de travail.
- Les revenus ayant diminué beaucoup plus que les coûts pendant la grève, la Société estime que l’arrêt de travail s’est traduit par une incidence négative nette de 208 millions de dollars sur la perte de 841 millions de dollars avant impôt de Postes Canada.
- En 2024, la main-d’œuvre et les avantages du personnel ont représenté environ 65 % du total des dépenses d’exploitation.
- L’entreprise prend des mesures pour économiser et explore des façons de réaliser des gains d’efficacité supplémentaires sans compromettre le service. Nos équipes sont toujours à la recherche de nouvelles sources de revenus concordant avec notre mission de base : servir l’ensemble des Canadiennes et des Canadiens.
Conséquences à long terme de la grève nationale
La grève nationale de 32 jours du STTP à la fin de 2024 a été une période difficile pour Postes Canada, son personnel et les millions de personnes au pays qui comptent sur le service postal.
Postes Canada a présenté des propositions justes et raisonnables pour offrir un modèle de livraison plus flexible qui permettrait de soutenir ses activités, tout en augmentant les salaires, en améliorant les droits aux congés et en protégeant les dispositions relatives au régime de retraite à prestations déterminées et à la sécurité d’emploi pour le personnel actuel. Bien que des changements en profondeur doivent être apportés aux conventions collectives, la Société a compris que cela prendrait du temps et a proposé des mesures modérées qui toucheraient essentiellement le personnel futur.
Les parties n’ont toutefois pas été en mesure de s’entendre. Mandaté par le ministre du Travail, le Conseil canadien des relations industrielles a ordonné à Postes Canada et au personnel représenté par le STTP de reprendre leurs activités le 17 décembre 2024. La confiance et la fidélité de la clientèle ont été ébranlées fortement par la grève. De nombreux commerces qui ont trouvé d’autres fournisseurs de services de livraison ne sont pas encore revenus vers Postes Canada. C’est donc dire que l’incidence financière devrait durer bien après 2025.
Les enjeux sont beaucoup plus importants que la relation entre Postes Canada et son personnel. La relation de longue date entre Postes Canada et le pays qu’elle dessert est en jeu. Comme nous l’avons vu pendant la grève, une grande partie du pays dépend encore grandement du service postal.
Des gens d’un océan à l’autre ont été touchés. Ce sont surtout les petites entreprises, les organismes de bienfaisance, les régions rurales et éloignées, ainsi que les communautés autochtones qui ont été durement touchés. À Postes Canada, nous savons que nous devons regagner leur confiance. Nous devons poursuivre notre transformation et renouer avec la viabilité financière afin que les gens puissent toujours compter sur nous et ne plus jamais être laissés pour compte.
Le grand déclin du courrier se poursuit
La poste-lettres, sur laquelle repose depuis longtemps le système postal, est en baisse constante depuis près de 20 ans. En 2006, quand les volumes de courrier ont atteint un sommet au Canada, nous avons livré près de 5,5 milliards de lettres. En 2024, nous en avons livré 2 milliards, et ce déclin est appelé à se poursuivre. Les gens peuvent voir cette baisse marquée dans leur boîte aux lettres. En 2006, les ménages canadiens recevaient en moyenne sept lettres par semaine, comparativement à deux aujourd’hui.
Le déclin constant des volumes de poste-lettres ampute une part importante des revenus de Postes Canada. Un système postal conçu pour livrer 5,5 milliards de lettres n’est pas viable pour 2 milliards de lettres.
Le nombre d’adresses augmente chaque année…
… et les volumes de poste-lettres par adresse diminuent
Les données de notre graphique sur l’augmentation du nombre d’adresses et celles de notre graphique sur le déclin des envois poste-lettres sont disponibles à la page Portée et données sur les envois poste-lettres.
Nos revenus issus du courrier diminuent, mais les coûts de livraison, eux, ne cessent d’augmenter. Nous livrons à plus d’adresses chaque année : plus de 200 000 nouvelles adresses s’ajoutent chaque année. Depuis 2006, l’année où le volume de courrier a atteint un sommet, le nombre d’adresses que nous desservons a augmenté de 3,3 millions. Livrer moins de lettres à plus d’adresses chaque année est une situation intenable.
Répondre aux besoins croissants du pays pour la livraison de colis
Notre activité de base sera toujours de livrer des articles à la population canadienne, mais ce que nous livrons change au fil du temps. Bien que le courrier demeure important, c’est la livraison de colis qui est en pleine croissance. En effet, on s’attend à ce que les volumes du marché du cybercommerce canadien doublent dans les 10 prochaines années.
Pour gérer la croissance constante du magasinage en ligne et mieux servir notre clientèle, nous avons fait des investissements stratégiques ciblés depuis quelques années. Tout en continuant de mettre l’accent en priorité sur la sécurité du personnel, nous avons entre autres investi dans du nouvel équipement de tri, la modernisation des installations, des plateformes numériques et de nouveaux services.
Malgré cela, au cours des dernières années, Postes Canada a rapidement perdu du terrain. La popularité du magasinage en ligne depuis la pandémie a intensifié la concurrence sur le marché de la livraison de colis. La position initiale de la Société de chef de file de la livraison des colis du cybercommerce a fait oublier que son modèle d’exploitation et sa structure réglementaire et stratégique étaient conçus pour la livraison du courrier.
La concurrence est maintenant plus rapide, flexible et axée sur la croissance. Cette situation fait perdre du terrain à Postes Canada, car elle doit encore porter le lourd fardeau d’anciennes restrictions et de modes d’exploitation dépassés. C’est pour ces raisons que notre part du marché de la livraison des colis a rapidement diminué d’environ deux tiers entre 2019 et 2024 (avant l’arrêt de travail), passant de 62 % à 24 %.
Des changements majeurs s’imposent de toute urgence
En cette période critique de notre histoire, il est urgent d’apporter des changements majeurs pour protéger et moderniser le système postal. Notre modèle de livraison, nos conventions collectives et notre cadre réglementaire et stratégique doivent être plus flexibles pour que nous puissions mieux servir le pays et nous démarquer sur le marché de la livraison des colis d’aujourd’hui. L’objectif final est de bâtir un système postal viable suffisamment flexible pour pouvoir s’adapter et servir l’ensemble de la population et des entreprises canadiennes partout au pays sans imposer de fardeau aux contribuables.
L’ensemble des Canadiens et des Canadiennes souffriront d’un système postal dépassé, mais plus particulièrement les petites et moyennes entreprises et les personnes qui vivent dans les régions rurales ou éloignées, car ce sont elles qui en ont le plus besoin. Nous sommes fiers de faire partie d’une approche d’Équipe Canada pour soutenir notre économie et notre pays. Mais nous devons nous moderniser pour être là pour tout le monde, aujourd’hui et comme demain.
Un modèle de livraison flexible pour répondre aux besoins en évolution du Canada
La structure d’exploitation de Postes Canada a été conçue pour une époque révolue axée sur la poste-lettres. Les conventions collectives actuelles de l’entreprise avec le STTP contiennent des pages et des pages d’exigences et de restrictions qui ont été ajoutées il y a des décennies, lorsque l’entreprise livrait un flot important et régulier de courrier.
Les volumes de courrier ne représentent plus qu’une fraction de ce qu’ils étaient. Pourtant, les tentatives pour négocier des modifications modérées aux conventions collectives ont été extrêmement difficiles. Aujourd’hui, ces conventions limitent considérablement la capacité de Postes Canada à répondre aux besoins et aux attentes dynamiques de la population et des entreprises canadiennes dans le marché du cybercommerce actuel, y compris l’offre de la livraison abordable de colis le soir et la fin de semaine.
Il faut préciser que ce sont notre modèle de livraison et nos modalités de travail d’une autre époque qui nous empêchent d’aller de l’avant – pas notre personnel. Nos gens sont les meilleurs dans l’industrie et servent fièrement la population canadienne. Un système postal moderne les aiderait à mieux servir notre pays.
Postes Canada doit se transformer en une entreprise de livraison de colis qui offre un service sept jours sur sept et qui continue de livrer le courrier. Pour ce faire, la Société a besoin d’urgence d’un modèle de livraison et de conventions collectives plus flexibles. Sans ces piliers, l’avenir de Postes Canada et les emplois importants qu’elle offre sont en danger. Nous continuons de travailler avec nos agents négociateurs, en particulier le STTP, afin d’accroître la flexibilité de nos méthodes de livraison.
Un cadre réglementaire et stratégique moderne pour un pays en évolution
Le double mandat de Postes Canada, soit servir l’ensemble des Canadiens et des Canadiennes et assurer son autonomie financière, nécessite un équilibre entre la liberté de la Société de gérer ses opérations et la surveillance du gouvernement pour veiller au respect constant des intérêts de la population.
Toutefois, depuis l’entrée en vigueur de la Loi sur la Société canadienne des postes en 1981, les différents gouvernements ont adopté des changements stratégiques et réglementaires qui ont ajouté des restrictions à la Société. Ce cadre réglementaire et stratégique restrictif est maintenant désuet et figé dans le passé, et ce, malgré le déclin constant de la poste-lettres, l’évolution démographique et la concurrence croissante dans le secteur de la livraison des colis. L’équilibre nécessaire pour que Postes Canada remplisse son mandat n’existe plus.
Afin d’accroître son autonomie et la flexibilité, et de répondre aux besoins actuels et futurs du pays d’une manière financièrement viable, Postes Canada a formulé les recommandations suivantes devant la Commission d’enquête sur les relations de travail :
- Mener sans tarder une consultation et un examen en profondeur du Protocole du service postal canadien mettant l’accent sur la modernisation des normes de service, de la fréquence de livraison et des exigences que les bureaux de poste doivent respecter.
- Un processus actualisé pour calculer et mettre en œuvre plus rapidement les majorations tarifaires du service de poste-lettres, tout en assurant une consultation adéquate, une surveillance gouvernementale et un préavis pour la clientèle.
- Mettre à jour ou remplacer le moratoire sur la fermeture et la conversion des bureaux de poste ruraux par un cadre stratégique moderne visant le maintien des services ruraux.
- Mettre fin au moratoire sur la conversion aux boîtes postales communautaires, qui protège un coûteux service de livraison supérieur pour moins de 25 % des adresses canadiennes situées dans des quartiers urbains bien établis. Plus de 70 % des ménages reçoivent déjà leur courrier à un emplacement centralisé. Les particuliers qui ont des limitations fonctionnelles peuvent bénéficier du Programme de mesures d’adaptation pour la livraison de Postes Canada. Celui-ci offre diverses mesures d’adaptation pour les aider à accéder à leurs colis et à leur courrier.
Pourquoi le Canada a besoin d’un service postal
Postes Canada est un service vital pour les gens, les entreprises, les organisations et les communautés de partout au Canada. Nous sommes la seule entreprise de livraison qui a le réseau et le personnel nécessaire – et la responsabilité – pour servir les 17,6 millions d’adresses de notre vaste pays.
Une entreprise de livraison entièrement canadienne et publique est encore plus essentielle dans une période où l’économie du pays est menacée par des tarifs. Notre portée nationale est indispensable aux petites entreprises à une époque où les entreprises de livraison qui emploient du personnel contractuel cherchent à servir les marques mondiales et à se concentrer sur les centres urbains. Les gens cherchent de plus en plus à soutenir les entreprises d’ici et nous sommes là pour les aider. Notre pays a besoin des services de Postes Canada, car l’entreprise livre partout, et pas seulement là où ce serait le plus rentable. Nos services sont essentiels pour de nombreuses personnes au pays, dont :
- Les petites et moyennes entreprises : Postes Canada est une option abordable qui offre une vraie portée nationale. Nous leur permettons d’être concurrentielles dans un marché de plus en plus dominé par les grandes multinationales du cybercommerce.
- Les personnes qui vivent dans les régions rurales et éloignées, et les communautés autochtones : Postes Canada est souvent leur seule option de livraison et les relie au reste du pays.
- Les organismes de bienfaisance de toutes tailles : Le service postal est un moyen important de communiquer directement avec les personnes qui les appuient et de solliciter des dons essentiels.
- Les gens des régions urbaines et suburbaines : Postes Canada offre un service de livraison fiable qui les aide à rester en contact avec les services gouvernementaux, avec leurs proches et avec les entreprises de partout au pays. Nous avons besoin d’une forte présence dans les milieux urbains pour aider à financer les régions moins rentables où notre rôle est crucial pour les collectivités.
Notre engagement à opérer le changement nécessaire
Postes Canada est conçue pour servir l’ensemble des Canadiens et des Canadiennes, peu importe leur lieu de résidence. Toutefois, les fondements du système postal sont en train de s’effondrer. Il faut de toute urgence apporter des changements au modèle de livraison, aux conventions collectives et au cadre réglementaire et stratégique de Postes Canada afin de protéger son rôle en tant qu’infrastructure nationale essentielle.
Les difficultés financières et structurelles qui menacent Postes Canada constituent également une menace majeure pour les communautés partout au pays. Postes Canada a besoin de plus de flexibilité et d’autonomie dans la façon dont elle fonctionne pour continuer à servir l’ensemble du pays, tout en maintenant les mécanismes de contrôle que veulent les gens.
Des discussions importantes sur l’avenir de Postes Canada ont déjà commencé et se poursuivront au cours des prochains mois. Alors que nous travaillons avec le gouvernement du Canada, nos agents négociateurs, la population et les entreprises canadiennes, nous sommes déterminés à opérer le changement nécessaire pour suivre le rythme des besoins en évolution du pays et retrouver la voie de l’autonomie financière.